Mois : février 2024

Le recensement des “spectacles célestes” à l’époque moderne est une tâche ardue, qui sera au centre de ce projet de recherche. En voici pour l’heure quelques exemples dans quelques villes européennes, par ordre chronologique : Brescia en 1511, Gênes en 1515, Vienne en 1520, Modène en 1531, Paris dans ces mêmes années où l’on rapporte l’observation de trois soleils, Wittenberg en 1551, Plech en 1554, Vienne en 1557, Nuremberg en 1561, Bale en 1566 avec ses sphères enflammées, mais aussi cette année Neustadt im Schwarzwald, Veste Plasssenburg en 1571, Augsburg en 1582, Nuremberg de nouveau en 1583, Ancona en 1584, en Calabre en 1585, Gent en 1586, Erfurt en 1627, Oxford en 1628, Dignes en 1630, Savona en 1643, Ljubljana en Slovénie en 1664, Piacenza en 1737, et même en dans toute l’Europe l’année 1784 l’observation d’un globe ou d’une sphère ardente traversant le ciel. 

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On peut assurément affirmer que la représentation artistique du cosmos devient un véritable phénomène au cours de la Renaissance, à l’aube des temps modernes. 

Les raisons sont multiples : le souci qui émerge dès Giotto d’une représentation plus naturaliste du monde, notamment des cieux et de ses phénomènes (N. Laneyrie-Dagen) ; l’essor d’une esthétique chrétienne visionnaire, qui fait de l’espace céleste le lieu privilégié de la manifestation du divin (D. Arasse ; A. Beyer, Ph. Morel et A. Nova) ; ou encore, et parmi d’autres, le développement de l’horlogerie mécanique qui reproduit, miniaturise et expose le mouvement des cieux (G. Dohrn-van Rossum).

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Les “spectacles célestes” s’incarnent avant tout dans des images : le terme latin “spectaculum” est en effet compris par Cicéron comme une “représentation donnée à un public”, mais aussi comme ce “qui attire le regard” (spectio).

Comètes et météorites, éclipses, aurores boréales et autres phénomènes inconnus et singuliers en sont naturellement l’incarnation.

Afin d’en mesurer l’étendue et la diversité, je publierai chaque semaine sur ce carnet de recherche des représentations visuelles de phénomènes célestes, certaines datant de la première modernité européenne, d’autres de temporalités et de géographies différentes.

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Bienvenue sur le carnet de recherche du projet “Spectacles célestes. Images, savoirs et croyances sur le cosmos” dirigé par Florian Métral, titulaire d’une chaire de professeur junior du CNRS, rattaché au Centre André-Chastel (Paris). 

Ce projet de recherche, qui s’étendra sur la période 2024-2028, se fonde avant tout sur l’étude de tracts des XVe, XVIe et XVIIe siècles représentant des phénomènes astronomiques, météorologiques ou optiques ayant connu, grâce à l’imprimerie, une large diffusion en Europe, tout particulièrement en Allemagne, en Suisse et en Italie. Ce faisant, il vise à analyser les interactions complexes entre les formes visuelles et graphiques, les savoirs, les croyances, les pratiques sociales et économiques, ainsi que les techniques ayant contribué à redéfinir la culture visuelle des cieux dans le contexte de la « révolution scientifique ». 

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