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Images célestes : trois fondements théoriques et méthodologiques

1. Iconologie céleste : aux sources de l’histoire de l’art

L’étude des œuvres d’art liées à l’astronomie et à l’astrologie est devenue un domaine majeur de l’histoire de l’art de la Renaissance dès A. Warburg – qui théorisa l’ » iconologie critique » à partir de ses travaux sur le sujet. Son entreprise a été poursuivie d’abord sur le versant astrologique par F. Saxl, K. Lippincott, M. Quinlan ou D. Blume et plus récemment seulement sur le versant astronomique – exception faite de E. Panofsky – par R. Olson ou F. Keim. Cependant, ce domaine de recherche s’est souvent focalisé sur la peinture et le grand décor italiens, marginalisant le reste de la production visuelle notamment graphique – à part Melencolia I de Dürer -, essentielle et prépondérante à l’échelle européenne et mondiale. Les résultats antérieurs se sont du reste surtout concentrés sur des questions de signification, ne prenant pas toujours la pleine mesure des contextes, des publics visés, des pratiques ou des enjeux épistémologiques inhérents à ces productions. 

2. Humanités spatiales

Largement stimulées par l’industrie spatiale et la production abondante d’images – pas seulement d’« œuvres d’art » – qui l’accompagnent, les « humanités spatiales » s’affirment aujourd’hui comme un domaine de recherche interdisciplinaire majeur dans le champ de la culture visuelle (C. Bigg), de la sociologie politique (A. Saint-Martin) ou de l’éthologie (C. Tafforin). Si l’histoire de l’art n’est pas restée étrangère (A. Pierre ; E. de Smet), rares voire inexistantes sont les études d’envergure sur la période précédant le XIXe siècle à l’instar du récent Projektierte Himmel (2019) de J.-J. Berns et T. Rahn. Or, il apparaît aujourd’hui nécessaire de mieux comprendre les enjeux socioculturels et politiques qui sous-tendent, dès la première modernité, la production et la circulation de ces « images spatiales » pour offrir de nouvelles dynamiques d’études de notre contemporanéité. 

3. Images scientifiques

Les travaux sur l’image scientifique ou épistémique ont connu d’importants développements ces dernières années sous l’impulsion de l’histoire des sciences (L. Daston et K. Park ; P. Gallison et C. Jones ; H.-J. Rheinberger ; B. Latour). Le « visual turn » a notamment stimulé nombre d’études sur la visualisation du savoir scientifique (J.-M. Besse ; P. Dubourg-Glatigny) et notamment astronomique dans le champ de la littérature (I. Pantin ; F. Ait-Touati). De son côté, l’histoire de l’art a contribué sur divers aspects de longue date (S. Alpers ; S. Edgerton ; M. Kemp) et plus récemment (A. Maillet ; A. Payne ; H. Bredekamp ; R. Noyes). Le diagramme – forme cosmologique – a souvent concentré, dans le sillage des travaux pionniers de S. K. Henninger, l’essentiel de l’attention (B. Obrist, C. Lüthy et A. Smets ou J. Hamburger). Reste que les processus de création des images scientifiques, leur variété et leur relation avec la culture visuelle, tout comme les modalités de leur « normalisation » et de leur diffusion n’ont pas été envisagés de manière systématique, nécessitant de poursuivre la réflexion à partir de nouveaux corpus tels que les tracts des XVe, XVIe et XVIIe siècles représentant des spectacles célestes


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Florian Metral (4 mars 2024). Images célestes : trois fondements théoriques et méthodologiques. Spectacles Célestes. Consulté le 8 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/125px


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